L’accès à la culture ne repose pas uniquement sur la question des moyens financiers. D'après le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation, les ménages les plus riches consacrent jusqu’à cinq fois plus de dépenses à la culture que les ménages les plus modestes.
Pour Pierre Bourdieu, sociologue majeur du XXe siècle, démontre que les inégalités sociales d’accès à la culture et à la réussite scolaire sont bien plus profondes. Selon lui, l’argent ne fait pas tout : ce qui compte, selon lui, c’est surtout ce qu’il appelle le capital culturel. Il s’agit de l’ensemble des savoirs, des goûts, des compétences et des habitudes culturelles que l’on acquiert, souvent dès l’enfance, dans son milieu social. On comprend ainsi qu'un enfant dont les parents lisent, visitent des musées, écoutent de la musique classique ou connaissent les codes des institutions culturelles, grandira avec un sentiment de légitimité face à l’art. À l’inverse, un enfant de milieu populaire peut intérioriser l’idée que "ce n’est pas pour lui", même si l’accès est gratuit.
Bourdieu suppose donc que les enfants issus de milieux favorisés maîtrisent naturellement les codes scolaires (langage, références, attitudes) et réussissent mieux. Ce capital culturel n’est pas transmis par l’école, mais par la famille, l’école ne fait que le récompenser.
Dans son œuvre, "La Distinction - 1979", Bourdieu montre que les goûts artistiques ne sont pas neutres : ils sont socialement construits. Ce qu’on considère comme du “ bon goût “ correspond en réalité à une culture dominante, celle des classes supérieures, imposée comme référence.